Le conciliabule
Sur douze grosses roches rangés en cercle, les chefs sont assis. D’abord, au fond, c’est Bâle, non le plus âgé, mais le plus rusé et le plus ambitieux des capitaines de Pitre ; Bâle, qui a convoqué tous les autres chefs, afin qu’ils procédassent par voie d’élection à choisir un remplaçant au vieux Pitre qui avait été un chef d’occasion et le premier d’entre tous ;
Le deuxième après Bâle, et à sa droite, c’est Mafatte, le sorcier Madégasse, enveloppé de son saimbou et portant appendus à son cou et à son corps, tous ses gris-gris et des sikidis ;
Le troisième c’est Anchaing, le plus âgé et le plus anciens des marrons, et si la tradition dit vrai, l’un des 7 hommes de l’époque de la troisième prise de possession ;
Le quatrième c’est Cimandef dont le nom a pour étymologie (tsi, non pas, mandévi, esclave), caractère bouillant et belliqueux
Le cinquième, Diampare, la terreur des blancs ;
Le sixième, Fattie, le plus intrépide des marcheurs de l’intérieur ;
Le septième, Phaonce, l’étrangleur ;
Le huitième, le farouche Sanson, surnommé l’indomptable Sakalave, c’est le plus intime ami de Cimandef ;
Le neuvième, c’est le doux mais austère Pyram, le frère d’adoption de Diampare ;
Le dixième, c’est le rusé Matouté, l’un des chefs les plus réputés pour son astuce à déjouer les plans de tous ceux que le Gouvernement envoyait à leur poursuite ;
Le onzième c’est une femme : C’est Simangavole qui ne quitte jamais son mari Matouté et qui se tient à ses côtés, comme conseil.
Le douzième, exactement à la gauche de Bâle, c’est le colossale Sankoutou avec qui Bâle venait d’avoir une conversation privée et dont la force prodigieuse dépassait de beaucoup celle de tous les autres chefs.
Page 98 de l’édition ARS Terres Créoles.