Manzak
Bientôt nous arrivâmes par un coteau assez doux où les ambavilles sont vigoureuses et serrées sur une hauteur un peu aride composée de fragmens de laves rouges. Les derniers fraisiers et des mimeuses à feuilles entières, bien plus belles que celles de la plaine, croissaient dans la région de sept cents toises que nous venions de traverser. Nous nous trouvâmes entre deux pitons considérables sur les flancs de celui que nous avions à notre droite je distinguai le limbe d’un large cratère qu’on aperçoit aussi depuis le chemin dans la plaine. Je fus visiter cette ancienne bouche à feu elle avait environ quarante à cinquante toises de diamètre et quatre-vingts à cent pieds de profondeur. Dans les grandes pluies, elle devient une espèce de lac, et des touffes pulvinées de gramen croissent au fond, quand il n’y a plus d’eau. Commerson visitant autrefois les même lieux admira là vicissitude des choses et le pouvoir des temps qui a métamorphosé en un réservoir d’eau un soupirail de flamme. Il se baigna-dans le cratère, et il se plaisait, depuis, à répéter qu’il avait nagé dans un volcan.
J’eusse donné le nom de ce naturaliste infatigable à la montagne dont il est question; mais elle était déjà appelée morne des feux à Mauzac, ce qui vient de ce qu’un chef de marrons, nommé Mauzac habitait autrefois dans le cratère et tenait sur le point le plus élevé du piton, une sentinelle qui allumait des bruyères pour y rallier ses camarades.
Les bords de la chaudière sont fracassés et composés de couches de scorie très-larges et de lits compactes alternatifs, plus minces ces derniers sont du plus beau blanc. Ce qui a fait nommer ce lieu le Trou-Blanc, c’est un lichen crustacé qui colore ainsi les rochers. Des bords du Trou-Blanc nous distinguâmes que le piton que nous avions laissé sur la gauche et qui d’en- bas paraissait double, ne paraissait ainsi divisé que parce qu’une partie de la cheminée de son sommet avait été détruite par le temps. Nous nommâmes cette autre montagne piton de Lilet, de M. Lilet, officier de génie, qui visita ces lieux avec Commerson.
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Tome II, page 397-398.