Géographie humaine du maronage
Chapitre 4 - interprétation / ethno-linguistiqueCarte des toponymes
liés au maronageliés au maronage
Cette carte regroupe les toponymes liés au maronage rencontrés dans les documents, toutes périodes confondues. La plupart sont d’origine malgache, ceux donnés par les marons. S’y ajoutent, en français, ceux donnés par les chasseurs de marons.
Ravitaillement
et vie quotidienne des maronsBémaho
aux nombreux mahos [arbres]
Il n’y a pas moins de 7 toponymes comprenant « maho ». Il faut dire que ses multiples usages rendaient cet arbre indispensable partout où il poussait mais surtout dans les hauts. Les jeunes pousses sont comestibles. Le bois servait à la construction et à la cuisine. L’écorce souple et résistante devenait cordes et cordages à volonté. Les fleurs roses ou blanches séchées devaient décorer délicatement coiffes et autres accessoires lors des occasions festives. On peut citer le toponyme guadeloupéen Baie Mahault qui semble être de la même origine.
Piton Songes
« Songe » se passe de commentaires quant à son rôle alimentaire. Mais à remarquer aussi sa valeur symbolique dans toute offrande végétale religieuse. C’est le « ravage » le tubercule par excellence dans le « vélas », rituel de présentation de mets pour les services des ancêtres.
Bébour
Aux nombreuses plantes « bora »
Contre les désordres digestifs.
Toponymes commémoratifs
de noms de chefs maronsCaverne à Koute (Cotte)
Grand chef maron.
Feux à Manzak
Le « le roi » qui se servait de signaux pour rallier ses troupes, avec Reine Fouche « la reine blanche » [de teint ?].
Dimitile
Dimy-le-guetteur
Capitaine sous le commandement
du roi Laverdure et de la reine Sarlave, responsable du renseignement
et de la sécurité.
Ilet Cimandal
celui qui ne respecte pas, qui n’obéit pas
Toponyme proche de Cimandef. Ce dernier nom est le début d’une expression malgache « tsy mandefitra manana ny rariny » (celui qui ne plie pas, qui ne cède pas quand il est dans son bon droit).
Relatifs au sacré
ou à vocation spirituelleBras Massine
lieu sacré
Sanctuaire.
Ilet Bélou
lieu de carnage, massacre
qui laisse des rancunes
L’expression « qui laisse des rancunes » est importante. On va éviter ces lieux dans un premier temps et plus tard ils peuvent accueillir des cérémonies à visée « réparatrice » selon l’événement qui s’y est produit.
Bémassoune
emplie de soleil
Dans son sens littéral, et le lieu l’est certainement. Mais il s’agit surtout de caractériser un sanctuaire dédié aux « Vazimba », représentant les forces telluriques, chtoniennes.
Matarum
aux rochers, à la falaise des morts
Marque le respect ultime. Où que l’on se fasse assassiner, quelqu’en soient les circonstances, il y a un lieu consacré aux âmes.
Toponymes donnés
par les chasseurs de MaronsBloc
lieu de rétention des esclaves après leur capture
Référencé quatre fois. Celui de L’Entre‑Deux est emblématique de ce toponyme : donné à une ravine très encaissée, large d’à peine dix mètres, bordée de remparts vertigineux.
Caverne Caron
Du nom d’un célèbre
chasseur de marons.
Piton Ambouèlam
chien-cochon sauvage
Sobriquet injurieux et raciste donné au départ par le négrier arabe aux esclaves rebelles ressortissants des Hautes-Terres centrales malgaches, surtout aux Merina et accessoirement aux Betsileo.
Relatifs au système
de défense
des marons
et/ou participent au système défensif
Bélouve
aux nombreux pièges
Il s’agit, entre autre, de ces peiux à la pointe durcie au feu, enterrés à moitié, pour arrêter les chasseurs de marons dans les environs des camps.
Afène (Affine)
lieu à cacher
Pour raison stratégique, de défense ?
Apère
laissé
Déjà sûr, défendu ?
Ces deux derniers lieux fonctionnent en opposition, de même que l’autre ensemble : Mafate (qui tue) / Mahavel (qui fait vivre).
Ilet à Cordes
il s’agit d’un lieu accessible au moyen d’une corde qu’on remonte après son passage, et que la sentinelle jette à celui qui doit monter après un signal convenu. Cette pratique fut longtemps vivace dans les villages exposés aux négriers à Madagascar.